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La montée du spectre de l’inflation

À garder en perspective.


Les prix ont tous tendance à augmenter avec le temps, que ce soit pour acheter un paquet de gommes à mâcher ou une maison – mais ce n’est pas toujours déplorable. L’inflation influe sur les économies aussi bien positivement que négativement. L’effet est bon ou mauvais selon l’actif pris en compte et la période considérée.

Cette année, les investisseurs ont dû se rappeler que l’inflation et la volatilité sont des réalités. Il faut tenir compte de ces facteurs, certes, mais il faut aussi en prendre son parti. Même si nous observons une certaine pression inflationniste, celle-ci est faible par rapport aux normes historiques. Selon l’indice des directeurs d’achats du secteur de la fabrication (PMI), les coûts des intrants ont augmenté, mais pas les prix des extrants1, peut-être parce que les fabricants ont hésité à transférer la hausse de leurs coûts aux consommateurs. Cela dit, si cette pression sur les marges se maintient, les prix des extrants devront être rajustés en conséquence. Pour bien comprendre les effets de l’inflation sur le marché, il faut connaître les notions de base.

La plupart des marchés des capitaux font une différence entre l’inflation globale et l’inflation de base. L’inflation globale, qui tient compte des prix des produits de base, comme la nourriture et l’énergie, a tendance à être plus volatile et à monter en flèche. L’inflation de base, qui exclut les produits de base, est celle qui intéresse particulièrement les banques. « Les banques centrales contrôlent l’inflation en relevant et en abaissant les taux d’intérêt. Elles visent généralement un taux d’inflation de 2 %, considéré comme un sain niveau de pression inflationniste. Un taux moindre indique que l’économie tourne au ralenti, un taux supérieur, que les prix grimpent trop rapidement pour les capacités de l’économie. Généralement, dans les pays développés, la plupart des gens ne se préoccupent pas d’un taux inflation qui se situe entre 1 et 3 %, explique Frances Donald, économiste en chef à Gestion d’actifs Manuvie.

Or, le taux d’inflation actuel se trouve bien dans cette fourchette « idéale ». Au Canada, l’inflation de base n’a pas dépassé les 3 % depuis 20032 et aux États-Unis, elle n’a pas atteint 2,5 % depuis 20083. Étant donné le faible taux de chômage et les pressions à la hausse sur les salaires, les niveaux actuels de l’inflation constituent un environnement favorable pour l’ensemble de l’économie mondiale.

Le côté positif de l’inflation

Dans quelle mesure une faible inflation peut-elle être positive? D’abord, les banques centrales réagissent généralement à la hausse de l’inflation en relevant les taux d’intérêt. Lorsque les taux d’intérêt grimpent, la capacité d’emprunt des Canadiens baisse, car ils risquent à long terme de ne pas être en mesure de rembourser leurs prêts. Un autre aspect favorable de l’inflation consiste à garder les taux d’intérêt minimums en territoire positif. Ce faisant, les banques centrales disposent de la flexibilité nécessaire pour modifier les taux d’intérêt dans le but de stabiliser l’économie.

La déflation – Énorme au Japon

Vous avez toujours une aversion pour l’inflation? N’oubliez pas qu’elle l’emporte haut la main sur la déflation. La déflation survient quand le très faible niveau de la demande entraîne une baisse excessive des prix. Moins courante que l’inflation, elle coïncide souvent avec un taux de chômage élevé et une dépression économique.

La « décennie perdue » au Japon, tel qu’on désigne souvent la période entre 1991 et 2001, est un exemple de déflation. Cette crise économique, largement

attribuable à la spéculation, a été alimentée par la faiblesse record des taux d’intérêt enregistrée dans les années 1980. Les évaluations des marchés boursier et immobilier ont explosé – certaines ont même plus quetriplé. Un emplacement de trois mètres carrés près du palais impérial se vendait 600 000 $ US4.


Lorsque le gouvernement a relevé les taux d’intérêt dans le but de calmer la spéculation, les cours des marchés boursier et immobilier se sont effondrés5. Les emprunts garantis par des actifs spéculatifs n’ont pu être remboursés. La crise économique a aussi entraîné la baisse des salaires dans son sillage. La diminution des salaires a ralenti la demande, laquelle s’est traduite par le recul des prix. Bien qu’un tel scénario puisse sembler avantageux pour les consommateurs, la chute des prix a amené les gens à attendre de longues périodes avant d’effectuer des achats, sachant que les prix allaient baisser encore davantage s’ils patientaient un peu plus longtemps. Cette faible demande a en effet eu comme conséquence de faire reculer les prix encore davantage, ce qui a contribué à la spirale descendante. Combinée à des taux d’intérêt avoisinant 0 % et à la dépréciation du yen, la déflation a provoqué le surplace de l’expansion économique.

Le côté négatif de l'inflation

Certes, l’inflation ne signifie pas que tout va comme sur des roulettes. L’inflation qui dépassait les 10 % dans les années 1970 et 1980 et avait culminé à 12,5 %, posait problème aux Canadiens6. À l’époque, les banques centrales accusaient du retard, les prix du pétrole augmentaient de façon vertigineuse et la demande était largement excédentaire. Les facteurs structurels mondiaux qui affaiblissent le pouvoir de fixation des prix de nos jours, comme le commerce électronique et la chaîne d’approvisionnement mondiale, n’existaient pas. Les entreprises tiraient leur pouvoir de fixation des prix du faible choix qui s’offrait aux consommateurs.

L’incertitude entourant la hausse de l’inflation peut décourager les placements et l’épargne. Lorsque l’inflation est particulièrement rapide et imprévue, les consommateurs achètent parfois des biens en grande quantité par crainte de voir les prix augmenter encore plus, ce qui entraîne des pénuries.

L’incidences des taux intérêt

Cette année, au Canada, bien que les attentes à l’égard de l’inflation changent, elles demeurent tout de même ténues par rapport aux niveaux historiques. Cela dit, tout est relatif. Même si certains parlent d’inflation, ils font référence à une faible variation de 0,1 ou 0,2 %. De tels niveaux de variation de taux ne changent pas beaucoup la manière dont les personnes approchent les marchés des capitaux. « Ces changements progressifs sont significatifs, car nous avons été bloqués dans une fourchette bien étroite pendant de nombreuses années », explique M. Donald.

Néanmoins, la hausse de l’inflation a tendance à faire monter les taux d’intérêt. « Je crois que les taux d’intérêt et l’inflation vont monter quelque peu au cours des prochaines années; par conséquent, même si les marchés des actions ont dégagé des rendements supérieurs à la moyenne ces cinq dernières années, ceux-ci devaient être inférieurs à la moyenne – tout en demeurant en territoire positif – durant les prochaines années, car nous n’anticipons pas de récession », fait remarquer Philip Petursson, stratège en chef des placements, Investissements Manuvie.


Naturellement, lorsque les gens doivent affecter de plus gros montants d’argent au remboursement de leurs dettes, il leur en reste moins pour faire d’autres dépenses, comme manger au restaurant ou s’acheter quelque chose qui leur fait plaisir. Comme autre aspect négatif de l’inflation, mentionnons l’augmentation possible des cas de défaut et de défaillance sur les prêts, du fait que certaines personnes n’auront simplement plus les moyens de respecter leurs échéances. « Un déséquilibre financier affectera l’économie canadienne pendant un bon moment, tant que les Canadiens n’auront pas commencé à réduire activement leur niveau d’endettement, une donnée que l’on peut évaluer notamment avec le ratio d’endettement », poursuit M. Donald. Le ratio d’endettement est le pourcentage de revenu disponible qu’un ménage doit affecter au remboursement du capital et des intérêts de ses dettes, notamment son prêt hypothécaire. « Il se situe autour de 14 $ par tranche de 100 $ depuis près d’une décennie maintenant.

Si les taux continuent de grimper, les Canadiens devront probablement utiliser une somme plus importante chaque mois pour rembourser les dettes qu’ils ont déjà contractées », précise M. Donald.


La suite des choses

En général, quand les taux d’intérêt progressent, les obligations perdent de la valeur. Les gestionnaires de portefeuille comme Terry Carr, chef des placements, Titres à revenu fixe canadiens, gèrent ce genre de risques « en se prémunissant contre le risque de crédit et en réduisant la durée. Durant la période consécutive à la crise, le portefeuille a contenu jusqu’à 60 % d’obligations à rendement élevé. À l’heure actuelle, il en compte environ la moitié, soit 30 %. Nous avons accru l’exposition du portefeuille aux prêts à taux variable produisant un revenu supérieur en période de hausse des taux d’intérêt, étant donné que la Réserve fédérale américaine procédera probablement à trois ou quatre augmentations (de taux) cette année. » Dans la structure du capital, les prêts à taux variable sont généralement de rang supérieur aux autres instruments de créance et de capitaux propres d’une entreprise. « Notre but est de diminuer la durée globale du portefeuille… améliorer la qualité de crédit et raccourcir la durée ».

Avant tout, est-ce que le taux d’inflation changera le rythme des hausses de taux? « C’est tout à fait possible, ajoute M. Carr, surtout si la Réserve fédérale américaine hausse son taux directeur une fois de plus que prévu (quatre au lieu de trois), auquel cas elle « empruntera » une hausse de l’année 2019. Je pense qu’on en est à la sixième ou septième manche des augmentations de taux, donc d’ici un an et demi, ce sera terminé. »


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